Nous ne connaissons les Indiens d'Amérique
du Nord que par l'image véhiculée par Hollywood :
Le farouche guerrier emplumé, encerclant des colons blancs en poussant des hurlements.
Cet Indien là est un nomade qui suit la piste du bison et vit sous des tipi.
Les femmes récoltent des baies sauvages, les hommes chassent et partent en
guérillas contre d'autres tribus rivales.
Pourtant avant l'arrivée des colons, des 550 Nations Indiennes ou plus qui
peuplent le territoire appelé "Turtle Island" peu sont des nomades,
peu sont emplumés, peu vivent sous des tipi, et enfin, peu passent leurs
journées à chasser ou en guérillas. La plupart des tribus ne sont pas constituées
de guerriers, non sédentaires, elles vivent dans des habitations construites en
dur, elles pratiquent l'agriculture, l'élevage du bétail ou la pêche.
Aujourd’hui, beaucoup sont persuadés que les "guerres indiennes" sont
terminées depuis longtemps, que leurs luttes ont cessées et qu'ils sont
maintenant complètement intégrés au "rêve américain".
Il n'en est rien. De nos jours encore, leurs droits sont constamment bafoués,
beaucoup d'entre eux continuent de lutter chaque jour pour que soit reconnue
leur existence et que soient respectés tous les traités qu’ils ont passé avec
le gouvernement américain.
Nous avons constitué des dossiers qui seront mis à jour. Ces dossiers porteront
sur leurs luttes actuelles, nous y intègreront des liens utiles vers des sites
Natifs Américains luttant pour la défense de leur cause, toutes les adresses
utiles où vous pourrez leur écrire et manifester votre soutien de quelque façon
que ce soit.
Il reste aujourd'hui environ 2 millions d'Indiens
en Amérique du Nord. Ils étaient probablement près de 35 millions avant le
génocide (certains anthropologistes, historiens etc. avancent le chiffre de 50
voire 80 millions, l'enfant étant sacré chez ses peuples, ils procréaient
beaucoup), nous nous en tiendrons donc à chiffre minimum de 35 millions.
- Approximativement 200 tribus ont été exterminées par les colons Blancs et
sont définitivement éteintes.
- 557 tribus sont aujourd'hui fédéralement reconnues
- 220 d'entre elles vivent au Canada
- 30 tribus sont reconnues par l'état dans lesquels elles vivent mais pas par
le gouvernement américain
- 150 tribus sont aujourd'hui en compétition pour obtenir leur reconnaissance
en tant que "tribus" par le
gouvernement. Le
nombre de leurs membres tribaux va de 10 à 40 000 personnes
- Le nombre de membres tribaux va de 3 (petits clans en Californie) à 308 000
personnes
(Cherokee en Oklahoma)
- Le nom "tribus" et les noms des tribus leur furent attribués par
les colons, plusieurs tribus ont aujourd'hui
changé leurs noms
officiels pour récupérer leur vraie dénomination
Ex : Winnebago est aujourd'hui ce qu'il
était avant la colonisation : Ho Chunk
- Ils se font appeler "Nations" plutôt que tribus.
Toutes les Nations Indiennes se considèrent
souveraines. L'issue de ce problème de souveraineté est à l'origine des
conflits contemporains qui opposent les Nations Indiennes et le gouvernement
des Etats Unis. Le gouvernement a conclu par le passé des traités avec des
Nations Indiennes souveraines, leur garantissant des droits de sol inaliénables
et le maintient de cette souveraineté.
Par définition, la souveraineté est la suprématie, l'indépendance politique
totale et le droit à l'auto détermination. Une Nation souveraine doit avoir la
capacité de défendre ses frontières, exercer l'autorité sur ses citoyens, gérer
ses affaires financières en dehors de toute contrainte extérieure.
Or le gouvernement maintien fermement les tribus sous sa dépendance et ce à
quelque niveau que ce soit, politique ou économique.
Seulement les tribus créées (recréées) par le gouvernement en 1934
(Reorganisation Act) ont le droit à la propriété et de conduire leurs propres
affaires.
Nous touchons ici le cœur du problème dont les cours de justices Américaines
ont aujourd'hui à débattre. Les relations houleuses et les affrontements entre
le gouvernement Américain et les Nations Indiennes contemporaines sont
quotidiens.
Les enjeux d’une reconnaissance fédérale et/ou
gouvernementale sont extrêmement importants. La reconnaissance permet à la
tribu de recevoir des subventions annuelles diverses et variées, des parcelles
de terrain, de bénéficier de programmes (éducatifs, médicaux etc.), elle permet
également à la tribu de s’organiser pour récupérer encore plus de territoires
de façon légale, par des procédures de justice.
D’un point de vue politique un
groupe à plus de poids qu’un individu.
Reconnaissance officielle de l’individu par la tribu :
Pourquoi ?
Le gouvernement reconnaît
comme "Indien" : toute personne qui a un certain pourcentage de sang
Indien dans les veines. Cette personne aura alors le droit d'être inscrite sur
la liste des membres de sa tribu. Le membre tribal reçoit alors une carte de
membre tribal qui lui sera demandé lorsqu’il voudra s’inscrire à des
programmes, bénéficier de soin médicaux gratuits et toucher des subventions du
gouvernement. Cette carte lui permet également de voter pour élire le président
tribal et les conseillers
Si cette loi est gouvernementale,
le quota de sang est fixé par les tribus et donc variable selon les tribus.
Cela veut tout simplement dire que les Indiens des Etats-Unis d’Amérique sont
les seuls à avoir à prouver (sur leur propre territoire !) par le quota de sang
qu'ils sont…… Indiens !
Imaginons en France ce que ce genre de loi occasionnerait si nous avions été
colonisés par les allemands. Suite aux massacres et déportations de nos
grands-parents et arrière-grands-parents nous aurions été adoptés par des
familles allemandes. Ayant perdu toute trace de notre ascendance, comment
prouver que nous avons du sang français dans les veines. Les indiens ont des
caractéristiques physiques de type caucasien, ce pourrait éventuellement être
un critère reconnu de reconnaissance de l'indianité. Et bien il n'en est rien,
seuls ceux qui ont des traces écrites et encore un peu de famille peuvent être
reconnus et encore tout dépend encore une fois des quotas fixés. Ce
peut être 1/5ème pour une tribu, 1/10ème pour une autre.
Il reste aujourd'hui 2 millions d'Indiens. 1,2 millions sont inscrits sur leur
liste tribale, les 800 000 autres se refusent à faire le jeu gouvernemental qui
consiste à prouver qu'ils sont Indiens.
On estime aujourd'hui que 10 à 15 millions de personnes on un certain degré de
sang Indien dans les veines mais ont perdu toute connexion tribale. Ceci est dû
: aux déportations, exterminations, l'interdiction pour beaucoup d'Indiens
d'élever leurs enfants etc.).
Les populations indiennes ne parlaient pas toutes la même langue, elles
n'avaient pas de langages écrits, seulement oraux, donc pendant la période
d'assimilation forcée et de relogement (déportation) la généalogie devint une
matière d'interprétation orale. La base de communication avec le colonisateur
s'effectuait par signes, le résultat était que les noms qu'on attribuait aux
Indiens et les chiffres étaient arbitraires (date de naissance par exemple).
La population Indienne est
divisée en deux : les Indiens qui vivent sur les réserves et ceux qui vivent
dans les villes.
L'indien qui est né sur une réserve y reste ou éventuellement y retourne après
l'avoir quitté quelques temps.
Pour les Indiens des villes, les chances de retourner vivre sur sa réserve sont
rares, spécialement si la migration et le relogement se sont effectués quelques
générations auparavant.
Cette situation crée un véritable dilemme interne : Les indiens des réserves et
les Indiens qui vivent dans les villes qui sont inscrits sur la liste tribale
bénéficient directement des programmes fédéraux tels que le logement, les
moyens de subsistance les soins médicaux, les aides à l'éducation et au
développement.
Les autres n'ont droit à rien, ils sont exclus.
Une réserve Indienne est une parcelle de terrain
qui est gardée par le gouvernement et mis à la disposition d'une tribu sous
forme de trust. C'est à dire que le terrain appartient aux tribus et au
gouvernement qui leur paye des royalties. Le Secrétaire de l'Intérieur est
chargé de la gestion de ces trusts. Le Bureau des Affaires Indiennes (BIA
Bureau of Indian Affairs) est responsable de l'administration et de
l'aménagement des terres du trust.
- 300 réserves sont fédérale ment reconnues totalisant 55 millions d'âcres,
soit 20 millions km²
- 44 millions d'âcres sont des terres tribales sous trust
- 11 millions d'âcres appartiennent à des individus
- De ces 55 millions d'âcres 11 millions appartiennent à des non Indiens soit
20%
- Près de 46% des réserves sont occupées par la population blanche non Indienne
- Certaines réserves sont à prés de 100% des trusts et d'autres appartiennent à
des propriétaires individuels
- La taille d'une réserve s'étend de 1 âcre (400m²) à 17 millions d'âcres
(réserve Navajo)
Le gouvernement a repoussé les Indiens sur des réserves, terres ingrates et peu
riches en apparence. Il est apparu ces dernières années que ces pauvres
réserves ont en fait des sous-sols très riches.
Ressources des réserves
-
44 millions d'âcres pour le fourrage.
- 5,3 millions d'âcres forestiers commercialement exploitables.
- 2,5 millions d'âcres pour la culture.
- 40% de dépôt d'Uranium.
- 33% des réserves de charbon de l'ouest américain se trouvent sur des réserves
Indiennes.
- 2 000 milliards de paiement en royalties du gouvernement.
Il est à noter non sans sarcasme que le gouvernement avait pour politique de
transformer les Indiens des plaines en agriculteurs, au vu de la proportion
(2,5 millions d'âcres) de terres cultivables on comprend aisément que ces
populations aient été décimées par la faim !
On doit toujours garder en mémoire que : Les Indiens ont le droit d'occuper leurs terres tant que le
gouvernement ne les réquisitionne pas arbitrairement (pour raison politique ou
économique) !
Les champs de culture des "5
tribus civilisées" dans le sud ouest, l'or des Black Hills (sud Dakota) et
la découverte de pétrole en Oklahoma en sont le parfait exemple. Ces terres
appartenant par traités aux Indiens leur ont été volées sans aucun accord de
leur part et en dépit des traités signés.
Il faut admettre que les réserves sont un tiers
monde au pays des avancées technologiques. Les réserves sont parfois de vraies
décharges menacées d'érosion.
Les épaves de voiture ne sont jamais enlevées.
Le BIA est chargé de réparer les toits et les fenêtres des maisons
gouvernementales. Or il faut parfois attendre des mois pour que ce soit fait,
et parfois ce n'est pas réparé. Les maisons sont délabrées, la pluie la neige
s'y infiltrent, certains dorment dans les épaves de voitures, d'autres n'ont aucun
endroit pour dormir.
Beaucoup vivent à 10 ou 12 dans une seule pièce.
La misère, le délabrement sont le pain quotidien de certaines réserves. Les traités, même à ce niveau là ne sont pas
respectés par le gouvernement.
Si on prend comme simple exemple la réserve Navajo :
- 46% n'ont pas l'électricité
- 54% n'ont pas la plomberie
- 82% vivent sans le téléphone
Les Indiens ont découvert que le jeu pouvait être
un apport de fonds considérable pour leur survivance, ils mènent donc depuis
quelques années une politique d'ouverture de casino. En qualité de Nations
souveraines, ils n'ont pas à payer d'impôts sur leurs terres.
En 1996, le gouvernement a décidé de prélever l'impôt sur les casinos !!!
Les moyens et subterfuges pour maintenir les populations Indiennes sous le
seuil de pauvreté ne manquent pas. L'Indien est un embarras politique et
économique pour le gouvernement Américain et les états.
Le but du gouvernement est clair :
Les royalties versées aux tribus, les ressources naturelles des terres
Indiennes sont une raison suffisante pour mettre fin aux réserves.
Mais le dilemme est là : Pour mettre fin aux réserves il faut amener l'Indien à
une pauvreté qui l'en fera sortir pour travailler dans les villes.
Pour qu'il puisse travailler il faut qu'il ait une qualification, un métier.
MAIS quel métier choisi l'Indien qui veut s'éduquer ? Avocat bien sur, il faut
combattre la société dominante avec ses propres armes, échanger les fusils avec
l'attaché caisse ! D'autres sont professeurs d'université. Bref ils choisissent
des métiers qui leur permettra non seulement de faire connaître leur cause mais
également de continuer la lutte afin que justice soit faite.
Donc, d'un autre côté, il est préférable qu'ils restent sous éduqués le gouvernement
pourra dormir sur ces deux oreilles.
La question Indienne reste véritablement un problème épineux à résoudre pour
les gouvernements américains successifs.
- 52% des Indiens arrêtent leurs études après le
collège
- 17% vont au lycée
- 4% sont diplômés (équivalent du bac)
- 2% vont à l'université
Concernant son développement économique personnel et sa capacité de créer sa
propre entreprise, le Natif Américain est considérablement désavantagé.
Le
faible revenu des Indiens ne leur permet pas d'aller bien longtemps à l'école
(les universités sont très chères aux US). De plus en regard de leur histoire
les Indiens sont des nouveaux venus (ou plutôt des rescapés de l'histoire) dans
l'arène politique et économique.
- 75% des Indiens qui travaillent en qualité d'ouvriers gagnent moins de 3
800F/mois
- 45% sont en dessous du seuil de pauvreté
- Le taux de chômage sur certaines réserves est de 90%
- La tuberculose est 7,4 fois plus élevée que
chez les Américains blancs
- Le diabète est 6,8 fois plus élevé que chez les Américains blancs
- Le taux de mortalité du a l'alcool est 6 fois plus élevé que chez les
Américains blancs
- Le syndrome alcool fœtal est de 33% plus élevé que la moyenne
- 1 adolescent sur 6 fait une tentative de suicide
L'Indien a 3 adversaires :
- Le gouvernement des Etats Unis. L'enjeu : les
terres Indiennes
- L'apathie, la désinformation et le manque d'information des masses et des
politiciens : moins on en parle mieux
l’américain se porte
- Lui-même : L'indien a une vue du monde égo-centrée sur le cercle tribal. Il
se sent trompé par une société qui
avance à pas de géant et n'a pas le temps ou
pas l'inclinaison pour y remédier correctement
Les Indiens sont connus pour leur désintérêt et leur manque de participation au
processus politique. La vie politique est considérée comme un jeu de
"Blancs" et les Indiens traditionnels n'y participent pas.
L'indien est sa terre sont sur la sellette, une guerre insidieuse lui est
menée, il lutte donc avant tout pour survivre.
- Le respect des traités signés par le
gouvernement sur les droits du sol, de pêches, de non-impôts sur leurs terres
- La reconnaissance en tant qu'entité tribale
- Le respect des mêmes droits civiques dont bénéficient les non Indiens
- La non utilisation d'images dégradantes et des noms des tribus dans le sport,
les écoles, les médias etc.
- La libération de Leonard Peltier, prisonnier politique et figure emblématique
de la résistance indienne face aux
injustices